Ma contribution dans « Les 7 sens » du Cercle du Leadership : Intuition, notre GPS de série
« Intuition, notre GPS de série
Un rond de longe, un cheval en liberté, un dirigeant s’apprêtant agir avec.
Le décor est planté, la consigne moins facile à saisir pour ce meneur d’hommes programmé à déployer des stratégies mûrement réfléchies : « vous avez 15 min pour faire ce que « votre cœur vous dicte de faire » avec ce cheval ». Lourd silence ! « Euh, pardon vous pouvez répéter la consigne ? Qu’est-ce que je dois faire avec le cheval ? ». « C’est à vous de me le dire ; laissez-vous guider par votre cœur, organe de perception ». De nouveau, long silence, puis, respiration profonde, puis, « Je ne sais pas si je vais oser mais j’ai envie de…et j’ai l’intuition que… ». Cette fois, c’est parti et quand, quelques minutes plus tard, je lui pose la question « Demandez au cheval s’il a quelques conseils ou suggestions à vous faire sur la façon de vous aider à réaliser le désir de votre cœur avec lui », c’est du tac au tac et sans sourciller que le même dirigeant répond : « Libère ton maître intérieur » ! C’est bon, on y est : la boussole intérieure a été sollicitée et la petite voix intérieure écoutée ! Fin de l’activité : « C’est magique, tout s’est déroulé comme je l’avais imaginé. J’avais l’impression d’avoir retrouvé mon âme d’enfant ».
J’adore cette activité nommée « Désir du cœur » créée par Linda Kohanov auprès de laquelle je me suis formée à l’équi-coaching.
Sortie de son contexte, cette scène pourrait paraître abracadabrantesque. Cet exercice extrêment puissant permet d’activer son intuition (in-tuition, en anglais : enseignement, information entrante) et de la transformer en intention (en- tension), en court-circuitant notre cerveau logique et bien pensant ; à la façon dont les chevaux traitent l’information, dans l’instinct et l’instant, les rendant hyper-agiles émotionnellement, donc réactifs et adaptables.
« Apprenez à penser avec le cœur et apprenez à ressentir avec l’esprit », disait Theodor Fontane.
Cette posture nécessite du courage car elle va à l’encontre de ce que les règles sociales exigent : analyse, recul, prise de hauteur… dans la prise de décision. Et paradoxalement, on entend souvent l’adage « on fait confiance aux chevaux pour retrouver l’écurie ».
Alors, à quel Saint se vouer ? A celui de l’Entre-Deux !
Celui « à cheval » entre Chronos et Kaïros, entre l’inné et l’acquis, entre l’expérience (connaître) et les théories (connaissances), …, celui à la lisière de l’expérience passée et du futur immédiat, celui hyper-connecté à l’environnement extérieur mais qui s’en remet, in fine, à la richesse de son monde intérieur. L’intuition !
Ce saint de l’Entre-Deux œuvre en chacun de nous. Il suffit simplement de le nourrir et de l’écouter pour qu’il exprime sa toute-puissance, un peu à la façon d’un artiste : par petites touches. L’intuition serait donc une question de posture, d’ouverture, ce méta-sens qui convoque tous les autres pour devenir opérant. Cela fait-il sens ? Me concernant, cela tombe sous le sens ! »
P.193 - Laure Soulage